Au Japon, on apprend que 26 des 86 universités vont fermer leurs facultés de sciences humaines et sociales ou réduire fortement leur activité (cf. article du Monde).
Cela fait suite à une demande du ministre japonais de l’éducation, Hakubun Shimomura, « d’abolir ou de convertir ces départements pour favoriser des disciplines qui servent mieux les besoins de la société » .
Depuis quelques années, en France, a été initiée une dynamique d’autonomisation des universités (mais pas que, les collectivités territoriales connaissent également cela). Ce mouvement, initié au cours du mandat de Nicolas Sarkozy par le truchement de la charmante et désagréable Valérie Pécresse, se heurte au délicat problème des moyens financiers – insuffisants – qui fragilise ces établissements publiques.
Puisque les universités ne font (soi-disant) aucun effort pour réduire leurs dépenses, mettons-les face à leurs responsabilités en leur laissant régler leurs ardoises. Telle est la logique qui semble avoir prévalu et que la réforme territoriale ou encore l’adaptation des rythmes scolaires ont pérennisée : plus d’autonomie, plus de responsabilité(s), mais un transfert partiel, voire inexistant, des moyens nécessaires pour faire tourner le bousin.
A terme, l’une des conséquences pourrait être de voir fermer purement et simplement les facultés dont les débouchés sur le marché du travail sont limités, comme au Japon. Après tout, n’avons-nous pas assisté, sous l’actuelle présidence de François Hollande, à la réduction drastique des moyens à destination des courants de pensée dits “hétérodoxes” dans les facultés de “sciences” économiques sur simple suggestion de notre prix Nobel d’économie, Jean Tirole (courant de pensée libéral, donc orthodoxe) ?
Allons-nous voir disparaître toute trace de pensée “autre” ? Cette question n’est pas une boutade.
Le choix fait par le Japon de favoriser les disciplines à forte employabilité aux dépens des sciences qualifiées de “molles” (sociologie, psychologie, anthropologie, etc.), c’est à dire les sciences de l’Homme, en dit long sur la place qu’occupe celui-ci dans une société mise au pas par le capital dématérialisé et déterritorialisé qui a pris les rênes de nos destinés.
Coincés sur des parcelles de territoires que d’aucuns appellent “nations” et dans lesquels ils voudraient nous enfermer,
Nous ne sommes pas dans l’ère de la mondialisation, mais dans celle de SA mondialisation, l’ère pendant laquelle les marchés financiers auront sucé jusqu’à la moelle les richesses produites par les nations dans cette guerre économique mondialisée. Le capital ne souhaite pas NOTRE mondialisation, parce que le jour où l’humanité ne fera qu’une, le ressort du tous contre tous, qu’il désigne comme une saine concurrence, ne pourra plus fonctionner.
En fait, les marchés financiers (que tout le monde évite de nommer “capital” afin de ne pas passer pour un marxiste) ont besoin des nations pour que la concurrence tourne à plein régime et leur permette d’engranger les bénéfices de cette course à la compétitivité qui nous enterrera tous. Le capital aime sûrement les partis nationalistes et nous ne doutons pas un instant qu’il les ait déjà contactés…
Les marchés financiers prendront un jour conscience qu’un parasite ne peut pas se permettre de tuer son hôte. En attendant, ils profitent. Gageons que d’ici là, si les sciences humaines étaient vouées à toutes disparaître au profit de métiers plus utiles,
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Faites-nous part de votre avis en répondant à ce petit sondage rapide (2 minutes max) sur ce que vous seriez prêt-e-s à sacrifier pour aider l’économie de votre pays (si jamais cette passion vous animait).
C’est anonyme et les résultats sont destinés à alimenter les conversations sur notre site ou sur le forum.
Merci d’avance.
[gap height=”20″]
Wake up.
Lovegiver
Nous apprécions vos commentaires.